Ceux qui connaissent Essaouira savent que cette province du littoral atlantique marocain est l’une des plus charmantes du pays. Ceux qui n’ont jamais eu l’occasion de la visiter ont au moins entendu parler de tous les attraits touristiques dont elle dispose. Dit comme ça, Essaouira ressemble à un petit eldorado.
Seulement voilà, la région qui compte environ 500.000 habitants est l’une des plus défavorisées du pays. Avec, selon des chiffres officiels rapportés par le site spécialisé marocain L’Economiste, un taux de pauvreté de plus de 30% et un chômage et une précarité qui touchent principalement la jeunesse et les femmes.
La ville et la région d’Essaouira sont dynamiques et pourtant la situation des femmes est des plus préoccupantes, comme le confirme Souad Dibi, une militante féministe qui a fondé, en 1998, l’association féminine de bienfaisance El Khir.
«Au départ, l’idée était d’aider à l’alphabétisation des femmes dans la région. Puis, nous sommes rendu compte que plusieurs d’entre elles vivaient des situations parfois dramatiques au sein de leur famille: abandon, maltraitance, etc. Dès lors, El Khir a mis l’accent sur le renforcement de l’autonomie de ces femmes», raconte Souad Dibi, dont l’association est présente à Genève depuis ce 22 octobre pour le tout premier Salon de l’Innovation et de l’éthique globale (SIGEF 2014) initié par la fondation Horyou.
Depuis 98 donc, El Khir (bienfaisance en langue arabe) travaille à l’insertion professionnelle des femmes afin qu’elles puissent retrouver leur autonomie. Car beaucoup sont financièrement dépendantes de leur mari, d’autres se retrouvent seule tout d’un coup, et très peu disposent de compétences ou de ressources pouvant leur garantir une forme d’indépendance.
«Comment aider des femmes à trouver du travail quand elles n’ont pas de compétences spécifiques? Il nous est vite apparu que le premier pas vers l’insertion professionnelle, c’est la formation», nous explique Souad Dibi.
Dans ce sens, El Khir accueille et forme une centaine de femmes d’Essaouira par an à des métiers liés à la gastronomie et aux services. Mais pourquoi seulement ces métiers catalogués comme féminins? La présidente de l’association souligne qu’il s’agit de répondre à une double urgence: trouver une formation courte qui permette à ces femmes de trouver rapidement une activité génératrice de revenus.
Mais améliorer les conditions de vie des femmes des zones rurales d’Essaouira est un travail tous azimuts: écoute, conseil, orientation, assistance juridique… Autant de ressources dont ne disposait pas El Khir au tout début, se souvient Souad Dibi:
«Nous n’aurions pas pu faire grand chose si nous n’avions pas bénéficié de soutiens extérieurs. Nous avons pu mieux nous structurer pour pouvoir répondre aux innombrables besoins des femmes d’Essaouira en situation difficile.»
Pour autant, les défis restent importants: développer des partenariats pour rester efficace. C’est pourquoi l’association El Khir entend saisir l’opportunité offerte par le SIGEF 2014, afin de faire connaître son travail et son engagement en faveur des femmes et des jeunes.
«Nous faisons un travail que les pouvoirs publics devraient pourtant garantir à tous les citoyens. Or, ce n’est pas vraiment le cas au Maroc, surtout dans les zones rurales, déplore Souad Dibi. Nous n’avons donc pas d’autre choix que de continuer à nous battre pour répondre à des besoins concrets.»